top of page
Le Jardin d’Hiver fut conçu au milieu de l’été .
L’ancien hospice, bâtisse austère du XVIII° siècle abrite aujourd’hui le musée local avec ses collections archéologiques et naturalistes, la médiathèque et le centre d’art contemporain. A l’arrière du bâtiment, s’ouvre une cour plantée d’arbres avec des allées de gravier et un parterre central.De ce jardin qui fut botanique, ne subsistent que quelques plantes à peine distinctes d’entre les herbes folles qui ont d’évidence repris leurs droits, et une multitude de petits panneaux en plastique jaune tels qu’on en voit chez les fleuristes ou sur les marchés émergent de cet apparent désordre. Les fiches descriptives qu’ils portaient, sont pour la plupart décolorées, moisies, racornies ou perdues ; certaines traînent encore parmi les feuilles mortes. La Connaissance autrefois prépondérante aurait fini par déserter ce lieu.Nous avons imaginé ce qu’il avait pu être, rassemblé les fiches orphelines ou muettes, reconnus quelques noms, découverts beaucoup d’autres. On trouve beaucoup de choses dans un tel abandon. Nous avons posé nos étagères un peu comme des pièges . Et nous avons capturé des fantômes, comme autant d’hypothèses végétales.Au fil de nos visites un herbier de porcelaine s’est constitué, et a rempli les rayonnages. Petits modelages imprécis, un peu mortuaires peut- être selon l’humeur de celui qui observe. Une fragilité pour suppléer tant bien que mal à une disparition. Bibliothèque blanche dont il faudrait pour réinventer les titres, fouiller dans sa mémoire, l’éclairer de son imaginaire. Peut-être aussi laboratoire clandestin où on se délecte à l’idée d’éventuelles élucubrations scientifiques et perverses.Mais la saison avance. L’installation est présentée en décembre, le voile de tulle gris, poussière de vieux musée, prend des allures de voile d’hivernage, et cet inventaire, témoin indécis de l‘esprit botaniste à l’origine de ce lieu, devient simple jardin d’hiver .
bottom of page